Fourche : Changez ses joints spi ... Il fallait s'y attendre...
Après autant de kilomètres de bons et loyaux services, les joints spi de votre fourche commencent à crier grâce, avec à la clé des fuites de liquide sur les tubes et un effet pompe à vélo de plus en plus préoccupant. Il est donc venu l'heure de les changer. Pas de panique, ça n'a rien de très compliqué.
Description :
1 - fourreau
2 - bouchon
3 - tube
4 - BTR de tige-amortisseur
5 - tige-amortisseur
6 - rondelles
7 - entretoise
8 - ressort
9 - clip d'arrêt
10 - joint cache-poussière
11 - joint spi
12 - bagues de tube
Comme tout organe "mobile" de votre moto, la fourche subit elle aussi des contraintes qui mettent à mal son fonctionnement.
Avec le temps, les kilomètres, les impuretés, les moustiques et autres "matières organiques" ou non venant se plaquer sur les tubes, les joints ont bien du mal à sauvegarder l'étanchéité des fourreaux et donc la retenue du liquide hydraulique assurant le freinage de leurs allers et venues.
Les premiers signes annonciateurs de leur dégradation sont on ne peut plus évidents : traces de liquide sur les tubes et les fourreaux, comportement de plus en plus souple de la fourche, tenue de route altérée voire claquements sur les gros freinages...
Dès lors, plusieurs choix s'offrent à vous.
Le plus facile, porter votre moto chez le concessionnaire pour révision de la fourche, vous coûtera de 2 à 3 heures de main d'oeuvre + le prix des pièces.
Plus intéressante, la solution intermédiaire consiste à démonter les tubes de fourche et les apporter à votre mécanicien préféré, avec à la clé une économie en main d'oeuvre non négligeable (env. 50%). Enfin, les plus courageux et curieux préfèreront sans aucun doute faire tout eux-mêmes.
Dès lors, ils découvriront l'un des "mystères" de leur moto, tout en prenant un plaisir certain à une opération d'entretien peu compliquée, à une exception.
Le démontage des tubes peut nécessiter l'utilisation d'un outil spécifique (une rallonge avec embout spécial).
Si vous êtes très, très copain avec votre concessionnaire, vous pouvez toujours essayer de lui demander de vous le prêter (contre caution, éventuellement).
Mais dans le cas contraire, vous aurez peut-être besoin d'un peu de débrouillardise pour arriver à vos fins, ce pourquoi la difficulté de cette opération est notée 5/10.
Pour commencer ce nouveau feuilleton du "Faites-le vous-même avec M-S", on considère que vous êtes de grands garçons (ou de grandes garçonnes), que vous disposez des joints, du liquide et des infos techniques utiles, et que vous avez déjà démonté tout seul (!) la fourche de votre moto. Action !
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Pour passer rapidement sur les opérations les plus évidentes, on considère donc que vous avez déjà démonté les tubes des tés sans avoir oublié au préalable de desserrer les bouchons à leur sommet... Ce qui permet de finir de les dévisser sans avoir à fixer le tube dans un étau. Attention, le ressort est bandé, alors retenez le bouchon fermement... En principe, vous obtenez cela. |
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Faites bien attention à disposer sur votre établi les éléments de la fourche dans l'ordre dans lequel vous les démontez : après le bouchon, la rondelle, l'entretroise... et voici le ressort. |
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Reste maintenant à vider l'huile contenue dans chaque fourreau. Pour ce faire, on les positionne tête en bas dans un vieux bidon et ce bon vieux Newton fait le reste. |
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Délicatement, avec un tournevis plat, on décolle peu à peu le joint cache poussière... en prenant garde de ne pas rayer le tube. |
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Puis, à son tour, on ôte le clip qui maintient le joint spi à sa place. Jusqu'à maintenant, rien de très compliqué. Ca se passe bien chez vous ? |
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A ce moment, on entre de plain pied dans le vif du sujet. Il faut savoir que le tube de fourche coulisse lui-même dans un autre tube (ou "tige-amortisseur") dans sa partie inférieure, plus fin et muni d'une butée pour empêcher le tube principal de se désolidariser du fourreau (certes, dans les cas extrêmes...). Bref, on ne peut donc pas retirer le tube principal sans dévisser cette "tige-amortisseur", elle-même maintenue généralement par une vis BTR au bas du fourreau. Vous devinez ici (faites un effort...) l'empreinte de cette tige-amortisseur, qu'il va peut-être falloir empêcher de tourner sur elle-même afin de dévisser la BTR. |
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Et c'est justement le rôle de cet outil, monté ici au bout d'une rallonge. Si vous ne pouvez l'emprunter à votre concessionnaire, vous pouvez aussi vous débrouiller sans. Il faut donc disposer d'un long tube mince et creux, dont vous aplatirez ou déformerez le bout de façon à ce qu'il puisse bloquer tant bien que mal la tête de la tige-amortisseur. Mais on en a vu certains utiliser par exemple un manche à balai, retaillé en conséquence |
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Ici, le desserrage académique de la fameuse BTR, avec l'outillage adéquat. |
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Une fois tout dévissé, il ne reste alors plus qu'à ôter le tube et le joint spi. On fait d'une pierre deux coups en tirant fort sur le tube, qui entraînera lui-même le joint spi. Notez qu'on y prend un certain plaisir... |
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Voilà ce que vous devez obtenir une fois démonté. On comprend mieux alors comment la fourche fonctionne. En fait, c'est la longueur de cette fameuse tige-amortisseur vissée dans le bas du fourreau qui détermine le débattement de la fourche. |
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Et enfin, voici son sommet, celui que l'on a bloqué peu avant avec l'outil adéquat. |
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Ici, l'objet du délit, le fameux joint spi tout neuf. Vous l'aurez commandé au préalable chez votre concessionnaire |
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Après avoir bien essuyé toutes les pièces, commence donc le remontage. On resserre la tige-amortisseur. Ici, on utilise l'outil et sa rallonge. Mais on n'en a pas forcément besoin. A voir par vous-même. |
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Puis on visse la BTR en bas du fourreau. |
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Une fois le tube bien en place, on enduit ensuite le joint spi de graisse pour pouvoir l'enfoncer plus facilement dans la gorge. Attention, il y a un sens à respecter, la partie ouverte avec le ressort apparent vers le bas. |
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Après l'avoir fait glisser le long du tube, on approche le joint spi d'abord avec les doigts... |
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... et on le cale ensuite définitivement par petits tapotements avec un tournevis et un maillet... toujours très délicatement afin de ne pas l'endommager |
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Voici ici le joint bien en place au fond de sa gorge. Reste à ne surtout pas oublier le clip qui va le maintenir définitivement à sa place... |
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... puis repositionner le cache-poussière. |
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Le plus dur est fait, on commence à tenir le bon bout. Il reste à doser le liquide de fourche. Pour ce faire, vous trouverez dans le manuel du propriétaire et/ou la revue technique la quantité ainsi que la viscosité du liquide adapté à votre moto. Respectez à la lettre ces données pour retrouver un amortissement standard. |
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Versez ensuite le tout dans chaque tube... |
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... et replacez les éléments un à un dans le bon ordre après les avoir bien essuyés : le ressort... |
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... l'entretoise... |
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... puis la dernière rondelle. |
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Finissez en repositionnant le bouchon. Pour ce faire, il va falloir forcer un peu afin de comprimer le ressort |
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... puis vissez le bouchon. Vous finirez de le serrer lorsque les tubes seront remontés dans leurs tés sur la moto. |
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Et voilà, c'est fini. Reste à en faire autant avec le deuxième tube et remonter le tout... avec les compliments du chef ! |
Dans le cas où vous ne disposez pas de l'outil spécial pour démonter le tube, essayez déjà de desserrer la vis BTR en bas du fourreau avant même de dévisser le bouchon au sommet du tube. Le ressort étant bandé, sa pression pourra suffire à maintenir la tige-amortisseur et l'empêcher de tourner à l'intérieur du fourreau.
Essayez, ça fonctionne très souvent, sans plus d'embêtement.
Vous pouvez même pousser davantage le tube dans son fourreau de façon à augmenter cette pression.
Faute de succès - la BTR tourne dans le vide - il faut alors envisager de fabriquer un outil qui maintiendra la tête de la tige-amortisseur en l'introduisant cette fois directement dans le tube, après avoir dévissé le bouchon supérieur.
Un grand tube creux aplati en son bout peut faire l'affaire ou un manche à balai retaillé.
C'est le seul passage un peu délicat de cette opération. Si vraiment la BTR est bloquée et vous n'y arrivez pas, portez le tube chez le concessionnaire qui acceptera sans doute de faire cette partie du travail contre une faible rétribution.
Bon courage