MOTO journal N°1030

COMPARATIF

HONDA SEVEN FIFTY - KAWASAKI 750 ZEPHYR -TRIUMPH TRIDENT

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Par Bruno Gillet, technique et mesures Micou , photos Bertrand Thiébaut

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La Honde Seven Fifty n'a pas une personnalité marquée en terme d'esthétique.Cela lui fera sans doute du tort en france , même si cette formule est souvent retenue pour ne se priver d'aucun marché sur la planète.

 

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La Zéphyr n'invente rien en terme d'esthétique, mais prouve que le juste équilibre ne veillit pas , elle plait autant de nos jours que la 900 Z1 il y a 18 ans.

 

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La triumph Trident, tout comme la 900, offre une esthétique simple et attachante, dans le plus pur style roadster tel que la dénomme son constructeur. Le moteur est une superbe pièce mécanique.

L'importateur Triumph m'avait prévenu:

«Vous allez comparer des choses incomparables! La Trident est une moto moderne, une moto d'aujourd'hui, alors qu'a vec la Zéphyr et la Seven Fifty, on vous vend de vieilles motos ».

Et bien tant mieux. Cet essai nous permettra de faire d'une pierre trois coups: tester la Trident 750, essayer la nouvelle Honda Seven Fifty, et opposer sur la route le concept basique d'architecture ancienne (la Zéphyr et la Seven Fifty ) à une routière moderne dénudée ( la Trident ).

 

La croisière des souvenirs

Une Kawa facile à apprivoiser

 

la prise en main, deux mondes s'opposent déjà: les japonaises d'une part, la Triumph de l'autre. La Zéphyr 750 est sur ce plan exemplaire, et c'est sans doute la qualité numéro un de cette moto, c'est une 750 ultra compacte, à tel point qu'on croit vite être aux commandes d'une 400 Z. C'est la moto que vont bénir tous ceux qui veulent pouvoir conduire au lieu de piloter, rouler la tête libre, tous ceux qui débutent ou se remettent à la moto, tous les courts en jambe, toute la gente féminine. Et, soyons honnête, les autres aussi. Les pros du deux-roues motorisé apprécieront de pouvoir laisser reposer leur tension nerveuse grâce à cette moto aussi évidente à piloter qu'une mob. Tout y est réuni pour l'oublier totalement: le moteur souple et docile, la hauteur de selle très raisonnable, le poids tout juste aux 200 kilos, la douceur des commandes, la géométrie de partie-cycle neutre et rassurante. Seuls le frein avant violent à l'attaque et une fourche d'origine trop molle peuvent représenter une source de souci en cas de surprise sur le pavé gras-mouillé. Sur la Seven Fifty, c'est la même chose, mais un petit ton en-dessous : la moto est quand même plus volumineuse, avoue 15 kilos de plus, le comportement du train avant est moins naturel, la boite plus récalcitrante, la hauteur de selle un poil moins coopératrice.Mais là on pinaille un peu, car ces deux 750 ont d'abord comme qualité première ; la facilité. Ce sera dur de trouver actuellement  une 750 plus évidente que ces deux là.

Sur la triumph, on grimpe sur une vraie moto : hauteur de selle un peu plus conséquente, poid total plus pésent, guidon plus en avant ( mais pas trop ) et enfin un chassis dont on sent qu'il va falloir s'occuper.

 

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Le tableau de bord de la Honda Seven Fifty donne dans le conventionnel sans recherche particulière. C'est d'ailleurs le cas de toute cette moto.

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Le tableau de bord de la Zéphyr est le plus réussi : chromé, lisible, et doté d'une jauge à essence.

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Le Trident propose un tableau de bord qui n'est particulièrement gracieux, et qui gagnerait en lisibilité si le compteur n'était pas inutilement gradué jusqu'a 300. Pour la route, on aurait aimé une montre et une jauge à essence.

La Zéphyr, reine de la ville

En ville, la reine s'appelle donc Zéphyr. Elle y cumule toutes les qualités, offrant un moteur vif mais assez coupleux et une grande netteté dans les manoeuvres. Seuls, le moteur un peu long à chauffer et le frein avant trop violent peuvent être des handicaps. Signalons encore pour les grands que le cache-culbu brûle les genoux en position avancée sur la selle. La Honda la suit de près, caractère en moins. Ici, le groupe propulseur est quasiment devenu impossible à ressentir et parfois au feu rouge, on se demande même s'il tourne encore. La Seven Fifty fait dans la discrétion et la docilité, aussi bien sonore que sensitive. Presque trop diront certains. Et il est vrai que la Kawa, sans rien perdre des qualités de facilité de la Honda, fait mieux vivre son pilote avec sa moto, côté moteur ou partiecycle. Ce n'est même pas un problème de vibration, c'est un ressenti général. Signalons le seul point pénible de la Honda en ville: sa boîte dure et peu précise, notamment sur les trois premiers rapports.

Sur ce parcours urbain, la Trident 750 marque un peu le pas. Son moteur façon cathédrale a repoussé assez haut le centre de gravité et cela se sent. Dommage, car il a le couple vivant et agréable. Ajoutez-y une hauteur de selle qui n'a rien de catastrophique mais qui ne peut rivaliser avec celle de la Zéphyr, pensez à mentionner le faible rayon de braquage, et vous obtenez un outil efficace en ville, mais requérant tout de même plus d'attention que les deux autres. Ou un peu de métier, dirons-nous.

La Trident triomphe sur la route

 

Sur la route, ces trois motos ont en commun un handicap, leur manque de protection qui les rend fatigantes au-delà de 140. La Zéphyr est celle qui s'en sort le mieux, à la fois du fait de son guidon relativement compact et de la position reculée des repose-pied qui, contrairement à la Honda, permettent de prendre appui dessus et de ne pas contrer tout le poids de l'air avec les bras. Bref, avec la Zéphyr on accepte de tenir le 150, avec la Triumph un peu moins, tandis qu'avec la Seven Fifty, à 120 ça tourne parfois à l'épreuve de force. Moto Journal vous propose quelques saute-vent adaptables sur toute cette nouvelle génération de motos dénudées.

 

Les loups sortent du bois. Sur petites
routes, on ne souffre pas de l'absence de
protection, par contre les deux japonaises
secouent un peu trop leurs pilotes.

 

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Le point numéro deux à considérer sur ces motos est le confort du pilote, qui sur nos japonaises est très moyen. Sur ce plan, la Zéphyr et la Seven Fifty se valent dans la médiocrité: selle peu rembourrée et suspensions arrière trop dures ou manquant de débattement.Après une journée de route, et a fortiori de départementales inégales, le pilote rentre fourbu et peut même se plaindre de mal au dos. Il n'y a que sur revêtements bien bitumés ou en ville que vous n'aurez pas à vous inquiéter. C'est finalement le gros défaut de ce type de machine, auquel quelques accessoiristes comme Fournales et Kayaba tentent actuellement de répondre. On tous tiendra au courant.

Vu de l'arrière, de gauche à droite la Trident, la Seven Fifty et la Zéphyr.

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A côté de ça, la Triumph c'est du bonheur. Sans être un pullman, elle offre de vraies suspensions et il faut aller beaucoup plus loin en attaque pour ressentir les premiers coups de raquette. Le confort de la selle ellemême ne porte pas à la critique. Rien à dire. Côté freinage, aucune de ces trois machines n'est criticable en puissance ou endurance. Nous sommes dans le domaine du suffisant. Toutefois, la Kawasaki présente le meilleur freinage absolu, à tel point que les risques de blocage de la roue avant sont réels, ce qui peut être inquiétant sur le mouillé ou sur une petite plaque de sable dans un coin de route. Il faudrait déjà changer l'huile de fourche pour une plus épaisse afin d'éviter ce transfert des masses trop brutal, et il faudra restertendre sur le levier. C'est un comble: il y a 18 ans sur la 900 Z 1, on se pressait d'aller monter le second disque avant optionnel parce qu'on manquait de freinage. Sur la Zéphyr, on aurait presque envie d'en démonter un. 

 

La Honda et la Trident ont un freinage sans histoire, si ce n'est le frein arrière de l'anglaise qui demande un effort assez marqué avant d'opérer.

La tenue de route des deux japonaises dépend directement de l'état de surface sur lequel vous roulez. Avec leurs suspensions arrière médiocres, la Zéphyr comme la Honda vous chahuteront sur les bosses, sans trop se désaccorder, mais sans offrir la rigueur de la Triumph et de son mono-amortisseur plus moderne. A grande vitesse, la Honda souffre d'une direction un peu légère, qui la rend plus approximative que les deux autres en approchant les 200 km/h. Mais ceci est aussi en partie dû à son guidon large qui offre plus de prise au vent que ses concurrentes.

 

 

 

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La Seven Fifty de Honda n'a ni gros défaut, ni grosse qualité.

c'est une bonne à tout faire qui contentera ceux qui apprécient les motos discrètes et dociles.

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A la conduite, la 750 Zéphyr semble être un jouet tant ses dimensions sont faibles et sa facilité déconcertante.

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La Triumph 750 Trident est la copie conforme de sa grande soeur la 900, avec juste un peu moins de couple.Mais encore suffisament pour en faire une machine éfficace et attachante. Notez que de ce coté, le moteur fait moins fouillis sans toutes les durits qui apparaissent côté gauche.

Moteur: vive le trois pattes !

Côté moteur, la Triumph s'impose. Non que les autres soient mal servies sur ce point, mais le trois pattes de l'anglaise détient en plus un charme inexplicable qu'il faut avoir essayé. Même en version 750, ce moteur vous séduira, tant il cumule couple et allonge, agrémenté d'un senti qu'aucun quatre cylindres ne connaît. Comme en outre il se montre le plus puissant des trois, il remporte facilement ce chapitre. Derrière lui, en efficacité pure, le Zéphyr et le Seven Fifty se tiennent. Notre préférence ira quand même au Zéphyr qui procure plus de sensations et se montre meilleur en reprise.

A l'utilisation, certains d'entre vous doivent quand même faire une grosse différence entre une moto marquée Honda et une autre marquée Triumph. Ils n'ont pas tort. Quelle que soit la qualité des Triumph actuelles, cette marque ne possède pas (encore?) la réputation d'une japonaise, ni son réseau, ni même sa garantie de deux ans comme la Honda. Actuellement, le réseau Triumph compte une trentaine de concessionnaires sur la France, le but étant de se fixer aux alentours de 35 d'ici la fin de l'année. Tout semble sérieux chez Triumph, aussi bien ce qui concerne la machine que l'importateur. Pour ce qui est de la fiabilité, il est encore tôt pour juger, mais aucune tare congénitale n'a pu être relevée. Certains détails peuvent encore pêcher, mais l'usine réagit très vite. Triumph a une réelle volonté de s'imposer comme un constructeur européen digne de confiance, et met tout en oeuvre pour cela. L'un des principaux atouts des basiques japonaises est leur prix. Il n'y a rien à redire sur ce plan. Pouvoir disposer d'une Honda de 750 cm3 garantie deux ans pour moins de 40.000 F., c'est une bonne nouvelle. Même chose pour la Zéphyr (à mille balles près), avec un an de garantie en moins. Le cas de la Triumph 750 Trident est différent. Elle est nettement plus chère (54.000 F.), et ceci appelle deux commentaires. Cette machine se révèle plus comme une routière dénudée qu'une vraie basique. Elle fait payer sa technologie plus moderne, donc son rayon d'action plus étendu. En efficacité pure, elle est de loin la meilleure, ne serait-ce qu'en performance (97 chevaux contre 75 ). Elle entre donc dans une autre catégorie et serait plus à ranger aux côtés d'une BMW K75 ou même d'une Yamaha TDM. Les gens de Triumph louchent d'ailleurs sur la clientèle

BMW : «Notre gamme est faite pour aller loin et pour durer, ce sont des modèles qui resteront longtemps au catalogue ».

 

Le problème de la 750 Trident est avant tout familial c'est qu'elle est en tout point semblable à sa grande soeur la 900 qui ne vaut que 3.000 F. de plus. Ce n'es: pas que la 900 ait des possibilités routières milles fois plus étendues, mais elle offre en plus le coté fun de songros couple (il faut vraiment avoir esseyé une 900 Trident pour comprendre), et de ce fait elle place la 750 en porte à faux. Quitte à s'offrir une Trident, qui va s'arrêter à la 750 alors qu'avec 3.000 F. de plus on s'offre la 900? C'est la question que nous nous posons, même si l'importateur avoue que la 900 n'est pas à mettre entre toutes les mains en ville sur le mouillé, du fait de son moteur canon. Les chiffres de vente trancheront.

Une affaire de charme... et de prix

Au chapitre basique à la sauce rétro, la Seven Fifty ne détrônera pas la Zéphyr, qui reste la meilleure réalisation du genre. La Honda n'a aucun gros défaut, hormis sa boîte pénible, mais ne possède pas le charme général de la Kawasaki, tant sur le plan esthétique que sur celui de l'utilisation. Si la route constitue votre domaine privilégié, choisissez plutôt une conception plus moderne que celle de nos deux japonaises d'aujourd'hui. A ce titre, la Triumph Trident 750 est un choix excellent, une fois dotée d'un petit saute-vent qui permettra de rendre moins pénible les liaisons rapides. Deux grandes idées ressortent en fait de ce comparatif d'une part avec la Zéphyr, Kawasaki propose une quatre cylindres 750 japonaise très attachante pour 40.000 F., et d'autre part la Triumph se révèle jour après jour comme une réussite totale qui fera faire un pas important à l'industrie motocycliste européenne. Quant à la Honda, elle est à l'image actuelle du numéro un : facile, sûre, efficace et sérieuse, mais manquant un peu de charme.

 

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Bilan du comparatif

Malgré un avantage d'une dizaine de chevaux, la 750 Trident ne concrétise pas cela par de meilleurs chiffres que concurrentes, à part en vitesse de pointe. Le moteur a en fait le potentiel pour réaliser 12" au 400 mètres D.A., mais notre procédé de mesure implique de ne pas décoller la roue avant à l'accélération, chose difficile à faire avec la Triumph. Pour les reprises, la Triumph est également pénalisée par sa boîte six vitesses, puisque les mesures se font sur le rapport final, ce qui place le moteur dans une plage de régime où se révèle un petit "trou" de carburation. Mais au-delà des chiffres, les sensations moteur sont bien présentes.

Pour la Kawasaki, c'est le choix d'un rapport final un peu court qui limite la vitesse de pointe et donne un régime élevé. Mais sur ce  type de machine, c'est un choix judicieux puisqu'on l'utilise rarement à fond, alors que cela procure de bonnes reprises et  accélérations. Les mesures ont été réalisées dans des conditions différentes des deux autres machines, et la Zéphyr est en fait capable de descendre sous les 13" au 400 mètres départ arrêté. Peu bluffantes côté sensation moteur, la Honda obtient de bonnes notes grâce à une mécanique totalement exploitable qui permet entre autres de réaliser de bons départs.

bancessais

perf

reg

cons

pourcontre