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Sujet
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Or, donc, je me pointe une belle journée du mois de juin chez le marchand local de Moto Guzzi pour essayer la V7 Sport, avec dans l’idée de voir ce que ça donne une moto, a priori capable de respecter (en gros) les limitations de vitesse et de se faire un peu plaisir sans vivre dans la terreur du radar vicieux.
Je gare la 900 RS, juste à côté d’une V7 850 Special, fin de série 2024. Mon regard est scotché sur elle. Il se passe un truc, un truc du style de celui qui arrive lors d’une visite à la SPA lorsqu’un humain et un animal se reconnaissent au premier regard et repartent ensemble. Love at first sight.
Arrivé au bureau du vendeur pour l’essai de la Sport, je me rencarde sur la Special. A vendre, véhicule de démo, 250 kms. Il me propose d’essayer les deux, commençons par celle là.
Coup de démarreur, le bestiau s’ébroue de droite à gauche, une présence mécanique tapageuse qui m’évoque le démarrage d’un F4U Corsair (ça causera à Ratatouillot, Peeshooter et Marcello) loin, bien loin du lancement de la turbine façon « Rafale » d’un 900 RS.
Bruit de ferraille de l’embrayage à sec, première. Tiens aucun « clac » ? Avec la RS, le passage en première au feu prévient toute la file que le vert vient de s’allumer. La traction déboule gentiment mais fermement, et c’est parti.
Et l’attraction déboule doucement.
Brrôôôôp brôôôôôp brôôôôôp un gros bi se conduit en ouvrant à chaque rapport, pas en laissant monter le régime tout seul. Elle me transmet ses frémissements discrets juste pour rappeler que je suis perché sur un truc vivant, pas sur un outil visant à se faire oublier en propulsant mon corps comme Marvelisé dans l’air tiède de ce matin ensoleillé.
L’assise est sympa les jambes peu repliées, les repose pieds n’étant pas sous les fesses comme sur les roadsters modernes. Les vilaines crampes aux hanches ne devraient pas gâcher l’affaire (Kozak, si tu nous r’gardes…). Il s’avérera que 1600 kms plus tard, aucune n’est apparue, même après 7 heures de guidon non-stop (juste un plein sans descendre). Question gabarit, ce n’est pas une grosse moto, et il se peut qu’un mec au dessus du mètre quatre vingt se sente un peu à l’étroit (Paulo?) Moi, j’m’en fous, j’fais 1,78. Si y’a un contrôle, je passe à l’aise.
La selle est confortable. Là où la RS me détruit le fion en une demie heure, celle là ne me rappelle pas que mon fondement peut siffler un arrêt de circulation et implorer une demande de grâce présidentielle. Je suis donc comme je viens de le dire, vous avez compris, président de mon cul.
Maintenant que le moteur est chaud, chaque passage de rapport est accompagné d’un « clac » sonore, mais qui, étrangement, ne se ressent pas dans les cale pieds comme le fait une RS 900, ou pire, une 1100 Zephyr. Sonore, mais doux, indolore.
Je file dans la campagne du Gâtinais, le blanc nacré du réservoir tranchant avec le vert environnant, le moteur ronronne à 3500 tours, petit moment furtif de bonheur rustique simple.
Retour à la concession, un peu de ville avec sa circulation qui s’intensifie. La Miss est un vrai vélo, un truc à faire des ronds autour des boutonneux en Scoot’. Le frein avant amputé d’un disque est disons, suffisant, comme le frein arrière, mais jamais je ne trouverai qu’une moto à trop de frein, donc un double disque m’aurait bien plu.
Un double disque, y’en a un sur la Sport que je viens d’enfourcher, et c’est du Brembo radial, alors ça freine sa race. La position est quasi identique, le confort semble donc identique, et je ne note pas une différence marquée avec les amortisseurs de la Special pourtant décriés par nombre de possesseurs. L’échappement différent crache des plop plop générés par des arbres à cames plus pointus et une carto adaptée. Passé 4000 trs, le machin vert bondit en avant dans un tirage de bras jouissif et plutôt pousse au crime : j’ai toujours envie d’accélérer comme un bourrin.
Mais bon, je la regarde et, son gros compte tours, œil cyclopéen désaxé avec ses deux petites oreilles de chaque côté, l’aigle stylisé qui barre l’optique de phare, le vert dont la référence à celui d’époque me laisse de marbre et peu enthousiaste, l’avalanche de noir mat, les rétros en bout de guidon qui m’horripilent autant esthétiquement qu’ergonomiquement, tout ça semble vouloir m’aguicher façon bimbo, trop de maquillage, trop grande gueule, trop à la mode, trop djeuns. Et comme je suis un vieux con, j’emmerde les djeuns.
La petite princesse blanche attends sagement devant la vitrine de la concess’ un hypothétique futur essayeur quand dans ma tête trotte le « Pretty Women » de Roy Orbison, c’est pas Julia, j’suis pas Richard, mais y se passe un truc.
A l’annonce du prix baissé de mille sept cent balles, je craque, file moi le bon de commande que je signe où.
Et paf.
Pour être sûr d’avoir raison de ne pas vouloir me faire arnaquer, je lui demande le montant éventuel de la reprise de la RS : 6000 €.
Manque plus qu’un petit bout de fanfare pour ponctuer l’entrée des Barios. Avec ça, je ne peux même pas acheter une Royal Enflield Interceptor.
Mais dans quel monde Vuitton, je vous l’demande.
Voilà donc une moto de plus dans mon garage, faudra bien que je me décide à faire le tri, si si, mais là, c’est encore un peu tôt.
Bizatouss
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